Page 108 - Demo
P. 108
[La compagnie de Lazare - 63 Automne - %u00ae 2024]BollywoodJe suis all%u00e9 deux fois en Inde.Ma premi%u00e8re visite remonte %u00e0 1990. Une visite express puisqu%u2019il s%u2019agissait de %u00ab couvrir %u00bb pour Le Figaro une visite officielle du Premier ministre de l%u2019%u00e9poque, Michel Rocard. Bref, aller-retour Paris-New Delhi les 18 et 19 janvier 1990, en classe %u00e9conomique. On aura connu plus glamour et moins fatigant%u2026Sur place, je me souviens d%u2019avoir %u00e9t%u00e9 frapp%u00e9 par la force des clich%u00e9s, jusqu%u2019%u00e0 la caricature. %u00c0 commencer par la pauvret%u00e9, la pollution, mais aussi la beaut%u00e9 si particuli%u00e8re du peuple indien. Comme lors de cette premi%u00e8re r%u00e9ception %u00e0 l%u2019ambassade de France, d%u00e8s mon arriv%u00e9e, o%u00f9 je me suis trouv%u00e9 %u00e0 discuter quelques instants avec une diplomate d%u2019une beaut%u00e9 typique dans son sari traditionnel bleu nuit en soie de Mysore. C%u2019%u00e9tait Bollywood sur les pelouses (impeccables) de l%u2019ambassade ! Je ne lui avais m%u00eame pas demand%u00e9 son nom, ne voulant pas brusquer les choses, me contentant de repartir avec son image et m%u2019imaginant na%u00efvement que j%u2019allais la croiser %u00e0 nouveau pendant mon court s%u00e9jour.Bien entendu, je ne l%u2019ai jamais re-crois%u00e9e, mais j%u2019ai gard%u00e9 son image dans mon esprit jusqu%u2019%u00e0%u2026 mon second s%u00e9jour, bien des ann%u00e9es plus tard. C%u2019%u00e9tait cette fois-ci %u00e0 Pondich%u00e9ry, dans l%u2019ancienne capitale des Indes fran%u00e7aises, au Sud-Est du pays. L%u2019occasion pour moi de visiter Auroville (l%u2019une des plus fameuses cit%u00e9s de l%u2019utopie mondiale) mais aussi quelques mythiques studios de cin%u00e9ma au c%u0153ur de la %u00ab machine %u00e0 r%u00eaves %u00bb dont l%u2019Inde a le secret. L%u00e0, au moment o%u00f9 je m%u2019y attendais le moins, dans le silence des plateaux (avec interdiction, h%u00e9las, de prendre la moindre photo) voici que je tombe nez-%u00e0-nez avec%u2026 ma diplomate ! Ce n%u2019%u00e9tait pas elle bien s%u00fbr, mais quelque chose de l%u2019ordre, du double pour ne pas dire du sosie.%u00c9trange impression, en tout cas, que de se retrouver face %u00e0 un second st%u00e9r%u00e9otype qui vient brutalement, sans crier gare, prendre la place du premier%u2026 tout en restant exactement le m%u00eame ! Au point que j%u2019ai du mal aujourd%u2019hui, en toute honn%u00eatet%u00e9, %u00e0 d%u00e9finir pr%u00e9cis%u00e9ment de laquelle je me souviens le plus pr%u00e9cis%u00e9ment de la diplomate ou de l%u2019actrice !Une certitude en tout cas : %u00e0 la vue de la premi%u00e8re comme de la seconde, si typiquement %u00ab indiennes %u00bb toutes les deux, c%u2019est bien dans un cadre classique, typiquement fran%u00e7ais, que j%u2019aurais eu spontan%u00e9ment envie de les photographier en une mani%u00e8re de contraste.Voici donc l%u2019image rare, non pas d%u2019une rencontre, mais de deux rencontres %u00e0 la fois.08- IndeDans les archives de Bollywood %u00a9 Christophe Labarde