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                                    [La compagnie de Lazare - 63 Automne - %u00ae 2024]La confusion des sentimentsBerlin, hiver 1989. Le mur vient %u00e0 peine de tomber. L%u2019Est et l%u2019Ouest se m%u00e9langent d%u00e9j%u00e0 dans une ambiance in%u00e9dite de sid%u00e9ration et d%u2019enthousiasme.Chacun comprend que tout a chang%u00e9 mais personne, moi le premier, ne se sent encore capable de dire si les lendemains chanteront ou d%u00e9chanteront.Pour l%u2019instant, un seul mot est dans tous les esprits : confusion. Une confusion qui durera pendant des ann%u00e9es%u2026Dans la journ%u00e9e, les Berlinois de l%u2019Est vont se promener %u00e0 l%u2019Ouest et ceux de l%u2019Ouest vont d%u00e9ambuler %u00e0 l%u2019Est. Le soir, chacun rentre chez soi.Depuis des ann%u00e9es, %u00e0 chacun de mes passages, j%u2019ai pris l%u2019habitude de retrouver Corina, une magnifique Berlinoise de l%u2019Ouest avec laquelle j%u2019essaye de passer un peu de temps entre deux reportages. Ce jour-l%u00e0, le 9 d%u00e9cembre 1989, apr%u00e8s avoir franchi symboliquement le fameux Checkpoint Charlie, nous passons la journ%u00e9e %u00e0 l%u2019Est avant de rentrer d%u00eener %u00e0 l%u2019Ouest, pr%u00e8s de chez elle, %u00e0 la Literaturhaus.Notre serveuse est une autre Berlinoise, de l%u2019Est cette fois-ci comme en atteste un tatouage de la faucille et du marteau qu%u2019elle exhibe avec fiert%u00e9 sur son cou.Je garde de ce d%u00eener un souvenir %u00e9trange, partag%u00e9 d%u2019un c%u00f4t%u00e9 entre les yeux noirs et le regard irr%u00e9sistible de charme et d%u2019intelligence de Corina et, de l%u2019autre c%u00f4t%u00e9, les yeux vert d%u2019eau et le regard rebelle, quasi insoutenable, de cette spectaculaire inconnue aux faux airs de Nikita et de %u00ab Nina Hagen jeune %u00bb comme me le dira plus tard un ami venu nous rejoindre.Le lendemain, je noterai dans mon journal qu%u2019il n%u2019y a rien de plus troublant, lorsqu%u2019on est d%u00e9j%u00e0 en compagnie d%u2019une fille sublime, que de croiser une autre fille sublime.Trente-huit ans plus tard, le souvenir encore extraordinairement pr%u00e9cis de ces deux visages - celui que j%u2019ai vraiment pris en photo et l%u2019autre, toujours grav%u00e9 dans mon esprit - continue d%u2019ajouter %u00e0 ma propre confusion r%u00e9trospective.01- AllemagneCorina %u00e0 Berlin, 9 d%u00e9cembre 1989 %u00a9 Christophe Labarde
                                
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